Retraites : le gouvernement opte pour une dissociation des concertations entre la fonction publique et le privé

Alors que la concertation lancée ce jeudi 27 février est « principalement » centrée sur lesretraites du secteur privé, le gouvernement Bayrou compte lancer des discussions parallèles sur les retraites dans la fonction publique. Reste à savoir quel sera le poids de ces discussions par rapport à celles lancées au niveau du secteur privé.


Top départ des discussions sur les retraites. Les syndicats et le patronat se sont réunis ce jeudi 27 février pour la première réunion du « conclave » voulu par le Premier ministre François Bayrou dès son arrivée à Matignon. Et le chef du gouvernement a fixé un objectif clair aux partenaires sociaux : « rétablir l’équilibre financier de notre système de retraites à un horizon proche« .


Comme il l’explique dans un courrier adressé à ces partenaires, les travaux de cette concertation « seront principalement centrés sur les régimes de retraite du secteur privé« . Le tout sur la base du diagnostic financier de la Cour des comptes et de ses pistes de réflexion sur l’âge légal de départ à la retraite, sur la durée des cotisations, sur le niveau de ces cotisations, mais aussi sur la question de la revalorisation des pensions.


François Bayrou ne le nie pas pour autant : ces travaux « pourraient avoir des conséquences » sur d’autres régimes de retraite et notamment sur celui des fonctionnaires. Les contractuels, pour leur part, relèvent du régime général.

Un « format autre » pour le secteur public

Des discussions parallèles vont ainsi être menées sur la fonction publique, explique François Bayrou. À ce propos, le Premier ministre reprend les constats de la Rue Cambon sur « la spécificité des régimes publics et l’ampleur des compensations   que les aborder », affirme François Bayrou. Les retraites des fonctionnaires ne présentent pas de « déficit caché », avait en effet indiqué la Cour en indiquant que les systèmes publics et  privé de retraites présenteraient entre eux « de telles  divergences » qu’elles empêchent une réelle comparaison.
Au vu de ces spécificités, les questions « spécifiques » aux régimes de retraite des agents publics « seront traitées en dehors » de la « conférence » lancée ce jeudi 27 février.

François Bayrou évoque ainsi un « format autre » de discussions dont le cadre doit encore être précisé. Sollicité par Acteurs publics, le ministère de la Fonction publique n’a pas précisé les possibles modalités d’organisation des futures discussions sur
les retraites de la fonction publique. Devant les syndicats, mi-février, le ministre Laurent Marcangeli avait toutefois évoqué des échanges sous un format similaire au conseil commun de la fonction publique (CCFP) qui réunit les syndicats et les employeurs publics. « Il y aura à mon avis aussi une chambre, à part, qui aura à traiter de la question des retraites dans la fonction publique », avait d’ailleurs indiqué le ministre
dans nos colonnes.

Des répercussions potentielles sur la fonction publique.

Cette scission des discussions sur les retraites était réclamée par les syndicats. « Il n’était pas question de mélanger deux univers complètement différents », explique ainsi Stanislas Gaudon de la CFE-CGC pour qui François Bayrou a « visiblement entendu l’appel à un dialogue social constructif ». « La responsabilité de l’État à employeur ne pouvait être renvoyée à d’autres acteurs du privé », ajoute-t-il.

Reste encore à savoir quel sera le poids des discussions dans la fonction publique par rapport à celles lancées en ce qui concerne le secteur privé ce jeudi 27 février.
Surtout, les éventuels arbitrages qui pourraient être trouvés entre les syndicats interprofessionnels et le patronat risqueraient d’impacter fortement les retraites des agents publics.
Et ce, notamment sur les questions d’âge légal de départ à la
retraite ou de durée de cotisations.

« Les leviers identifiés par la Cour des comptes concerneront tous les travailleurs actifs et tous les retraités, explique ainsi Luc Farré de l’UNSA. Les 5,5 millions d’agents publics sont autant concernés que les autres salariés du secteur privé par ces leviers ».
La
prudence demeure dans la fonction publique.